Gaïus Kowene

Yobloco 2014: Pourquoi voter Tunaweza (Nous pouvons)

Logo Yobloco 2014
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Fiston Mahamba, journaliste et blogueur de la ville de Beni, dans l’Est de la RD Congo sollicite vos votes pour espérer figurer parmi les 30 premiers dans le Concours international des blogs Yobloco Award.

C’est la première fois que son blog soit sélectionné dans une compétition internationale.

Je lui ai proposé de vous donner 10 raisons pour soutenir son blog.

Allez, on compte sur vous !

1. Unique dans la région

L’agriculture est la principale activité de la région de Beni où je vis et mon blog est le seul portail citoyen en ligne qui publie des articles relatifs à cette activité dans cette partie du pays.

2. Élargissement de l’impact aux non connectés

Etant donné qu’internet n’est pas à la portée de tous, notre blog a bénéficié des émissions radiophoniques sur trois radios communautaires locales. Ceci nous permet d’approcher les agriculteurs qui, pour la plupart n’utilisent pas internet, et partager avec eux les meilleurs contenus.

3. Plus proche de la réalité des agriculteurs

Le terrain est notre laboratoire : grâce aux clubs d’écoute de ces radios communautaires avec lesquelles nous collaborons, nous recueillons à partir de la base, les problèmes d’ordre économiques, production et du marché auxquels les agriculteurs sont confrontés.

4. Le pont entre experts et paysans

Nous invitons les experts locaux et internationaux (que nous retrouvons grâce aux réseaux sociaux). Ces derniers apportent des solutions aux problèmes énumérés par les agricultures. Ces solutions constituent l’essentiel du contenu de nos émissions et parfois de nos billets.

5. L’innovation en action

Devant la faible intégration des outils des nouvelles technologies dans l’agriculture dans notre région, nous sommes en pleine expérimentation de l’utilisation du téléphone mobile dans la régulation des prix sur le marché de ravitaillements en produits vivriers.C’est un projet de l’ONG « Amis de la nature » auquel nous avons apporté notre connaissance en nouvelle technologie.

Dix agents habitants dix centres de ravitaillement ont été formés sur l’utilisation d’internet sur téléphone mobile. Ces agents se communiquent chaque semaine les prix de tous les produits affichés aux entrées principales de leurs marchés respectifs.

Cela permet un équilibre des prix et permet aux agriculteurs de vendre leurs produits à un prix presque uniforme dans tous les marchés établi de commun avec les acheteurs. Seuls les trajets sont à la base de différence de prix.

6. Partage de connaissance et projets de grande envergure

Ce blog est une sorte de centre de formation : Après avoir appris quelques notions du blogging (auto-formation, tutoriels en ligne, des plateformes comme Atelier des Médias de la RFI, Blogosphère Gomatracienne, DW-Akademie), nous nous sommes lancés dans la formation de nos paires en nouveau média.

Le blog TUNAWEZA a déjà organisé deux formations d’initiation pour blogueurs débutants en ville de Beni et projette de créer un réseau des blogueurs agricoles des Grands-Lacs, avec le soutien de l’association Reporters Solidaires de la France.

7. L’actualité de la province a sa place

Une fenêtre ouverte aux actualités de la région : TUNAWEZA c’est aussi une vitrine de l’actualité de la région du Nord-Kivu. Vue sous un œil du changement, les news sont ici traités sous forme d’articles de fond, des reportages photos, des interviews avec ceux qui font bouger cette région…

8. Une porte pour des contacts importants

Ce blog est pour moi une porte pour les opportunités et m’a ouvert au journalisme international. Des recruteurs ont toujours visité ce blog et en cas d’urgence pour un travail dans ma région, si il n’y a pas moyen d’y dépêcher un reporter, je suis contacté pour réaliser ce travail, donc c’est blog est en quelques sorte une source de revenus pour moi.

9. Outil d’activisme pour les droits humains

Des oubliés sont aujourd’hui sortis au publics : Tout ne se dit pas au micro d’une station radio dans ma région, grâce à ce blog, je développe ma casquette d’activiste pour la liberté d’expression.

Des alertes sur les menaces que subissent les confrères journalistes et défenseurs de droits humains sont publiées via nos pages Facebook, Twitter et autres pour que les organisations intervenants dans ce domaine soient mis au courant de ces violations de la liberté d’expression.

10. Mondoblog, c’est la famille

Votre voix compte : Mondoblog est une plateforme avec une grande visibilité et visant l’émergence de la blogosphère surtout dans des régions reculées comme Beni où je réside.

Ainsi la voix de chaque Mondoblogueur est un pas de mon blog vers ce prix du Yobloco Awards 2014.

Comment voter?

Allez sur la page  https://www.yobloco.info/soumission?filter=individual

1.Sélectionnez le blog TUNAWEZA sur la liste des blogs en compétition (ou sélectionnez  par classement pays, CONGO KINSHASA)  puis  un autre blog de votre choix car on ne peut voter que pour deux blogs en cochant la case « Vote » (en orange); il est impératif de sélectionner deux blogs.

2. Entrez votre adresse e-mail (dans la fenêtre pop-up qui s’affiche)

3. Cliquez sur << Vote! >>

4. Allez dans votre boîte email. Confirmez votre vote en cliquant
sur le lien de confirmation qui sera envoyé à votre adresse e-mail
juste après votre vote (cela peut parfois prendre quelques petites
minutes).
Si vous ne cliquez pas sur le lien de confirmation dans votre
mail, votre vote ne sera pas pris en compte.

Votre clic de confirmation a contribué à l’élévation de la voix pour l’émergence de l’agriculture.

Votre clic a nourri plus d’une personne qui était en train de vouloir mourir de faim.

>>>>>> A LIRE AUSSI:

– 10 conseils aux blogueurs

– Secrets des Mondoblogueurs‏


RDC : ces victimes de la guerre assoiffée de justice

Accusé d’avoir commis 3 chefs des crimes contre l’humanité et 7 des crimes de guerre en Ituri, Germain Katanga saura Vendredi s’il est coupable ou non. Au pays, des victimes réclament justice.

Germain Katanga à la CPI en 2007 (Crédit photo: flickr CPI)
Germain Katanga à la CPI en 2007 (Crédit photo: flickr CPI)

Par Gaius Kowene

La cours pénale internationale, CPI, prononcera ce Vendredi son jugement contre Germain Katanga, ancien commandant de la milice FRPI (Forces de Résistance Patriotiques en Ituri), dans l’Est de la RDC. La justice internationale le soupçonne d’avoir commandité le massacre d’environs 200 personnes à Bogoro, l’utilisation des enfants soldats, la réduction en esclavage sexuel, etc… pendant les conflits inter-ethniques de 2003 en district de l’Ituri.

Des survivants de ces tueries disent attendre avec impatience ce jugement.

Princesse Bendela, la vingtaine, a perdu sa grand-mère dans cette guerre. Au vu de sa morphologie, des miliciens l’ont abattu, croyant qu’elle appartenait à l’une des tribus sur leur liste noire. Cette image est restée gravée dans sa tête. « Je n’avais que 9 ans à l’époque, se souvient-elle. Je regardais à partir de la fenêtre quand le milicien a coupé la nuque de grand-mère avec une machette. C’était horrible ! Je n’oublierais jamais ça ! »

Mais Serge Mirembe, qui a aussi vécu cette guerre, a une crainte. « Certains politiciens au pouvoir étaient derrière ces milices et sont à l’aise dans la capitale Kinshasa, explique-t-il. J’ai peur que le gouvernement ne les protège dans l’impunité pour toujours. »

Au fil des années, le gouvernement Congolais a gratifié des seigneurs de guerre au nom de la paix et de la cohésion nationale. Il leur accordait ainsi l’amnistie totale, l’intégration dans l’armée, la reconnaissance des grades et même des postes dans le gouvernement. Une pratique qui a favorisé la prolifération des groupes armés dans l’Est de la RDC.

En janvier dernier, la RDC a signé des déclarations de Nairobi (Kenya) pour officialiser la fin de la rébellion Mouvement du 23 Mars (M23).

Dans ces déclarations, le gouvernement est resté catégorique sur son refus d’accorder une amnistie générale à tous les membres de ces groupes armés. « Les chefs rebelles auteurs des crimes graves devront en répondre devant la justice Congolaise ou internationale » a insisté François Mwamba, chargé de suivi de l’Accord Cadre d’Adis Abeba.

Les artistes Congolais n’en sont pas du reste. Mack El Sambo, l’une des grandes figures du reggae au Nord Kivu, prépare un album sur ce sujet. « Plus jamais par les armes» c’est le titre de la chanson qui appelle le gouvernement à ne pas refaire les erreurs du passé.

« Quand des gens font des bonnes choses, le gouvernement ne les récompense pas, regrette-t-il. Alors pourquoi récompenser quelqu’un qui a tué ses frères, violés ses mères et détourné les minutions de l’armée ? »

Au total, 5 Congolais ont été accusés crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la Cours Pénale Internationale.

Le tout premier condamné de la CPI, Thomas Lubanga, purge sa peine pendant que Mathieu Ngudjolo a été acquitté. Le procès de l’ancien vice-président Jean Pierre Bemba et celui du « Terminator » Bosco Ntaganda se poursuivent à la Haye, siège de la CPI.


RDC: 3 clés pour combattre l’ impunité

Comment lutter efficacement contre l’impunité en RDC?

Par Gaïus Kowene

Ida Sawyer, dans le bureau de Human Rights Watch à Goma, RDC (Crédit photo: Gaius Kowene)
Ida Sawyer, dans le bureau de Human Rights Watch à Goma, RDC (Crédit photo: Gaius Kowene)

Ida Sawyer, chercheuse Senior de Human Rights Watch au Congo, parle des défis que la RDC doit relever pour lutter contre l’impunité. Il s’agit du budget insuffisant accordé à la justice, la Couverture dont bénéficient certains proches du pouvoir et l’installation des chambres mixtes spécialisées.

Ida Sawyer devant la caméra de Gaïus Kowene

Selon vous, quoi d’autre devrait être fait pour mettre fin à l’impunité en RDC?

>>>> A lire aussi:

RDC: l’armée, en toute impunité

RDC: le combat d’une Congolaise contre l’impunité

Suggestion des ONGs Congolaises sur les chambres specialisées


RDC : comment fabriquer un rebelle ?

La République démocratique du Congo compte plus de 50 groupes armés qui se livrent à de graves violations des droits de l’homme.

Mais, attention, ces groupes armés sont aussi un moyen pour beaucoup de citoyens de survivre. Certains me diront : « Mais… garçon, tu as perdu la tête ? »

En vrai, pas du tout ! Les grandes entreprises internationales et le gouvernement confisquent tous les revenus. Le Gondwanais « lambda » n’apprend qu’à l’école que son pays est riche en sol et sous-sol ! Pour se retrouver, certains décident de rejoindre des groupes armés à caractère tribaloethnique.

Alors, je ne donne ici qu’un bref aperçu sur comment on arrive à créer un groupe armé influent.

Petite précision : Je ne suis pas membre d’un groupe armé ! Cet article vient du temps que j’ai passé à effectuer des reportages sur des groupes armés comme la rébellion Mouvement du 23 Mars (M23), l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS) et différents groupes Maï Maï dans le Grand Nord (Nord du Nord-Kivu).

Règle 1 : Apprenez votre histoire

Connaitre l’histoire de votre tribu vous permettra de la manipuler pour vos intérêts. Consultez les vieux sages et ils ne manqueront pas de trouver une mésentente avec les voisins (ce qui est normal).

Règle 2 : Victimisez-vous !

Se victimiser marche souvent ! Ça permet de montrer aux « notables » de la communauté que votre tribu est une espèce en voie d’extinction. Vous avez automatiquement leur soutien.

Se victimiser tente aussi des personnes qui ne sont pas de votre tribu de se joindre à vous pour « contre carrer un plan dévastateur des voisins. »

C’est quoi ce plan même ? Il n’existe que dans les mythes.

Règle 3 : Préparez vos futurs cadres

Si vous démarrez une rébellion, vous ne devez pas y être vu, ni de près, ni de loin !

Voilà pourquoi vous devez convaincre les notables de votre communauté et ceux de la diaspora d’octroyer des bourses d’études à l’étranger aux jeunes de votre village. Que doivent-ils étudier ? Tout ce qui a trait à la politique, à l’armée, à la balistique, l’aéronautique, la programmation informatique, etc.

Au départ, ne dites rien ! Dites tout simplement qu’ils ont mérité ! Comme ça, vous créez une dette morale en eux. Ils n’hésiteront pas à utiliser ces connaissances pour « sauver » la tribu qui a fait d’eux ce qu’ils sont.

Veillez à rester dans l’ombre. Mettez ces jeunes à l’avant-plan.

Règle 4 : Excellez en évangélisation

Cette viellie technique utilisée par des Européens en Afrique marche encore aujourd’hui. Devenez un grand révérend pasteur. Les Africains croient beaucoup en « Dieu ». Il suffit de trouver quelques versets dans la Bible ou le Coran pour le convaincre. Après tout, il a appris depuis sa naissance à ne pas blaguer avec « Dieu ».

Formez aussi des « enfants » spirituels. Même Nicholas Machiavel l’a dit : la religion permet de gagner gratuitement un certain pouvoir, une certaine autorité, une bonne crédibilité.

Quand vous êtes évangéliste, même de grands décideurs du pays ou du monde n’hésiteront pas à  vous recevoir facilement.

Du coup, vous gagnez en contacts et relations !

Règle 5 : Prenez le contrôle de l’économie de votre région

Soit vous contrôlez des carrières de minerais ou vous influencez les grands commerçants de la région. Ce n’est pas impossible même si vous ne venez de nulle part.

S’ils reconnaissent en vous une bibliothèque de l’histoire, donc un sage (voir règle 1) et/ou un guide spirituel (règle 4), ils feront sûrement tout ce que vous leur direz !

Il suffit de se trouver un argument, convaincant ou pas, montrez-leur que votre tribu est en danger. Comme leurs intérêts en dépendent, ils vous rejoindront !

Et quand vous avez l’économie, la politique ne peut que venir vers vous.


RDC: la victoire militaire kidnappée!

Des politiciens congolais ont kidnappé la victoire militaire des forces armées de la RDC, FARDC sur les rebelles du M23. Ils en profitent pour leurs intérêts personnels.

Par Gaius Kowene

L'armée Congolaise célèbre sa victoire militaire sur les rebelles du M23
L’armée Congolaise célèbre sa victoire militaire sur les rebelles du M23

« Nous demandons aux populations des zones occupés de se préparer déjà à nous accueillir et hisser le drapeau du Congo. » – Colonel Olivier Hamuli, porte-parole des FARDC

« J’ai rencontré des militaires sur la route de Bunagana. Ils m’ont promis d’en finir avec la rébellion du M23. » – un habitant de Rutshuru

Quelques jours après ces messages, l’armée Congolaise appuyée par la brigade d’intervention de l’ONU chasse les rebelles du M23 de leurs derniers bastions, Chanzu et Runyoni.

 

Ce coup attire les medias qui couvrent cette guerre depuis deux décennies. A côté d’eux, des politiciens.

D’abord, les députés nationaux, « fils du terroir. » Juste après les élections législatives, ils sont partis à l’hémicycle pour y apprendre la vie de luxe : concerts musicaux, voiture qui coutent chers, grosses dépenses inutiles, etc…

Jamais ils ne sont venus consulter leurs bases avant de prendre la corruption pour voter une motion. Jamais ils ne sont venus encourager les militaires au front, ni leur apporter une assistance.

D’ailleurs, certains de ces politiciens sont derrière des groupes armés qui écument l’Est de la RDC, comme le témoigne l’un d’eux.

Maintenant que l’armée a gagné, c’est le moment pour eux de se bousculer et d’organiser des visites à la base, voler un peu du succès des FARDC.

Autre chose qui me tique, même le président Joseph Kabila tombe dans le piège.

Avant son arrivée, des ministres visitent la région, des « missions » de travail qui ont couté beaucoup des millions. Pourquoi ne pas rester dans la capitale Kinshasa et ajouter cet argent comme prime d’encouragement à ces militaires et à leurs familles ?

Vient ensuite une méga délégation du chef de l’Etat pour préparer sa visite. Que des dépenses !

Je croyais même qu’après sa visite les militaires pourront sourire. Mais, croyez-moi, ça n’a pas été le cas !

J’étais un soir à la rédaction de la radio Mutaani FM, quand un militaire vient demander qu’on parle de leurs arriérées de solde comme les festivités de fin d’année approchent !

Pourtant, ce sont ces gens qui se sont battu, essuyant des tirs des rebelles et souffrant des éclats des explosifs sur la ligne de front ! Pourquoi ceux qui étaient bonnement dans leurs bureaux climatisés se sont fait autant d’argent, mais, pas les acteurs même de cette victoire ?

Les politiciens devraient plutôt annuler ces missions et visites touristiques inutiles et donner cet argent à l’armée !

Bon, sur ce point-là, je reste quand même prudent. Il y a armée et armée. Qui sait si l’argent envoyé aux militaires est tombé en venant de Kinshasa parce que l’avion était troué ?