RDC, sur la voie de la RCA?
« La situation en République Centre Africaine nous inspire et montre à Kinshasa ou ses agissements peuvent l’amener. » Voilà ce que disait Jean Marie Runiga en début Janvier 2013, dans un point de presse à Bunagana (à la frontière entre la RDC et l’Ouganda). A l’époque, il était président de la rébellion mouvement du 23 Mars, M23. C’était juste avant la reprise des négociations avec le gouvernement de Kinshasa à Kampala, en Ouganda.
Le scénario en RDC, bien que dans un contexte différents, risquerait peut être un jour d’être le même qu’en RCA. Pourquoi ?
Tout d’abord, en RCA, une coalition des groupes rebelles prend les armes et contrôle la plupart des villes du pays. En RDC, cela a été le cas avec le M23 (qui a aussi fait alliance avec plusieurs autres groupes armés d’auto-défense). Ce mouvement rebelle a contrôlé pendant une dizaine des jours la ville de Goma, capitale provinciale du Nord Kivu.
En centre Afrique, les rebelles menaçaient de renverser le pouvoir en place, s’il ne négociait pas ou ne respectait pas les accords. En RDC, Vianney Kazarama, porte parole militaire du M23 l’a dit (par mégarde, je présume). « Nous irons jusqu’à Kinshasa pour chasser ce type (Joseph Kabila), a-t-il dit. Qu’il nous laisse notre pays après l’avoir détruit, et qu’il aille aussi mourir comme Mobutu. » C’est par après que l’actuel président du M23, Bertrand Bisimwa, à l’époque porte parole politique viendra temporiser dans les médias : « Nous n’avons l’intention de renverser personne, nous ne sommes pas entrain de mener un mouvement de libération. Nous ne faisons que revendiquer ce dont les Congolais ont besoin. »
Le gouvernement de la Centre Afrique, avec à la tête l’ex président François Bozize a accepté de négocier avec les rebelles. Des concessions ont été faites, un accord de paix était signé et une force neutre était déjà en RCA. Pour la RDC, les négociations ont eu lieu à Kampala et se poursuivront. Certaines concessions sont et d’autres seront encore faites. De là viendra, probablement, un accord de paix. Au même moment, une force internationale neutre (Brigade d’intervention, selon l’ONU) sera mise en place.
Comme la situation en RDC continue à se développer, le scenario arrêté momentanément à cette scène. Mais sous coulisses, il se poursuit.
L’une des possibilités est le semblant de sympathie dont certains Chefs d’Etat de la région ou du monde font l’objet de la part du président Congolais, Joseph Kabila. Ils ont fait ce même semblant avec le Centre Africain François Bozize pour le lâcher à la dernière seconde. Cela se dessine déjà avec le double jeu de l’Ouganda et du Rwanda accusés par l’ONU de soutenir les rebelles du M23. Les USA entrent aussi dans le double jeu avec des semblants de condamnations du Rwanda et de « bonne volonté » dans l’affaire Ntaganda. Au même moment, ils continuent à soutenir clandestinement le Rwanda pour qu’il arme les rebelles du M23 en RDC. Le président Denis Sasu, du Congo Brazza voisin, aussi dans le jeu de cache-cash. Qui oublie sa position face au régime Kabila avec l’Affaire du General Faustin Munene ?
Conclusion: Accord de paix, force internationale neutre n’ont pas empêché le régime de Bozize de s’écrouler. Le Congolais Joseph Kabila doit donc rester prudent.
La complicité de certains membres du gouvernement avec des groupes rebelles partout dans le pays (récemment au Katanga avec des mouvements sécessionnistes) fragilise de plus la capacité du régime Kabila de résister à un tel coup.
S’il ne fait pas partie du jeu de cache-cache de ses pairs, le président de la RDC Joseph Kabila risque de se retrouver pris dans le piège sans la possibilité de bouger. Le scenario Centre Africain pourrait se répéter en RDC d’une façon ou d’une autre. Tout comme celui de Laurent Nkunda et Bosco Ntaganda se répète.
Par Gaïus Kowene
Commentaires